Celtyndir
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Messages : 1661 Date d'inscription : 27/10/2014 Âge : 28 Logiciel graphique : Gimp 2.6
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| Sujet: [Écrits] Celtyndir's universe Jeu 29 Jan 2015, 19:25 | |
| On va faire une présentation en bonne et due forme pour commencer. La plupart du temps, on m'appelle Sora, Soso', So', Sow... Soranette aussi, car Celtyndir est un pseudo que j'ai créé récemment de toutes pièces et que je n'utilise que depuis peu. On me surnomme Celt', Celty ou Celtyn' aussi du coup. Je suis une lycéenne en L, paske l'écriture, le dessin, le graphisme... C'est tout moi ! Je suis en couple depuis bientôt un an, (relation à distance + majeur/mineure, je m'amuse trop lolilol), on me dit un peu plus mature que mon âge, colérique, humoristique, déterminée, têtue, (trop) franche, créative... Chiante !Je suis blonde aux yeux bleus, plutôt grande et fine (ça fait presque trop parfait dit comme ça), je suis une binoclarde aussi ! J'aime porter des vestes de baseball américaines, en jean, en cuir... Et j'ai une particularité (alakon) je n'aime pas porter de tee-shirt. Par là, j'entends que je ne porte que des débardeurs ou manches longues voire mi-longues ! Je suis une adepte de jeux vidéos, mangas... Je lis Blue Exorcist, Soul Eater, Red Raven, The Arms Peddler, Fullmetal Alchemist, Orange, Judge, Magi, Sonic X... Je regarde Black Rock Shooter, Durarara!, Blue Exorcist... Je joue à Minecraft, Loups-garous en ligne, SSBB et SSB3DS, Pokémon (Diamant, Noire 2, Y, Saphir Alpha) ... J'écoute de tout, surtout de l'instrumental épique, du rock, du metal, ou de la pop ! J'écris des fictions, je fais du RP (sur un bon forum où je suis depuis 3 ans, je donnerais le lien si ça intéresse !). Voilà un petit extrait de ce que je sais faire : - « Un prologue de récit fantastique » :
« Les siècles ont passé. Mais l'affront du temps n'a en rien terni la pureté des saphirs qu'elle n'a jamais pu oublier. Ce regard aussi puissant et d'un bleu aussi vif que celui de l'océan, celui qu'elle craignait avoir perdu depuis des dizaines d'années, est revenu la hanter. Et elle a refait ce plongeon instantané dans cette baie azur qu'elle a reconnu du premier regard. L'enfant a grandi, est devenu un adulte. Mais tel le rocher qui se dresse face à la mer déchaînée, il pourra s'effriter, fatiguer, mais jamais ô grand jamais le temps et la force ne pourront réellement l'altérer. Jamais ils ne pourront l'atteindre en son sein, et détruire complètement ce qu'il est. L'enfant la regarde, avec les mêmes yeux qu'il y a quatre siècles. Le temps semble s'arrêter, le vacarme de la foule aux alentours paraît s'estomper jusqu'à devenir si lointain que le silence s’abat. En un bref instant, il se fond comme un être quelconque dans la foule, comme si finalement, il ne l'avait jamais vu. Ce regard jeté au-dessus de son épaule avant d'avoir complètement disparu, qui caresse ses prunelles bleutées comme une légère brise, semble vouloir la convaincre du contraire. Le silence meurt, son cœur se fendille, les gens tournent dans la salle de bal, les rires fusent. Les souvenirs se sont tus, la réalité a repris le dessus. Mais pour combien de temps ? »
- Une nouvelle autobiographie , « Le pommier et le chêne » :
Ce fut lorsque le soleil fit son apparition pour la toute première journée de l'année et ce, sans interruption entre son lever et son coucher, que la fête se déroula. Malgré la venue tardive des beaux jours, les bourgeons avaient laissé place aux fleurs multicolores du jardin. Ce dernier était gigantesque. Il faisait au moins deux fois la surface du rez-de-chaussée de notre maison de campagne et comprenait une terrasse, un début de champ où nous avions posé le portique de la balançoire ainsi qu'un potager très étendu. La terrasse était grande et sur ses dalles de pierre, on trouvait toujours la table et ses chaises de jardin, ainsi que le petit tracteur à pédales du cadet de la famille, ce dernier étant d'ailleurs plus le défouloir des crocs de notre boxer que le jouet de mon frère.
Je me souviens que mon père avait installé la tente pour rajouter une ombre à celle du pommier qui ne me permettait pas de couvrir toute la terrasse d'une pénombre fraîche, puis avait ramené des chaises en plus autour de la table sur laquelle, il avait disposé tous les plats qu'il avait soigneusement préparé. Fin cuisinier, les mets colorés et bien dressés dans leurs assiettes étaient la touche finale du tableau de ce jardin fleuri et ensoleillé, si l'on n'omet pas bien sûr ceux qui se devaient d'assister au banquet.
Ce fut une des rares fois où tout le monde était présent, du moins toute la famille plutôt proche que ma cervelle d'enfant à ce moment-là ne pouvait retenir. Car tout le monde sait qu'un gamin oublie vite les choses, et ce serait bien d'enseigner cette façon de faire aux adultes pour certaines choses. Mais soit, en parlant de ces derniers, ils étaient tous arrivés. Certains s'étaient arrêtés aux premières dalles du chemin qui menaient à la terrasse, contemplant la beauté du jardin sous ce temps magnifique, les autres étaient parvenus jusqu'à nous, puis s'étaient assis en flattant les talents culinaires de mon père, dévorant des yeux les multiples mets qui faisaient saliver leurs papilles. Ils n'étaient pas sans connaître sa cuisine aussi savaient-ils que l'apparence était à la hauteur du goût, ils n'avaient donc plus qu'une hâte, celle de déguster tout ce qui faisait briller leurs yeux de convoitise. Certains n'avaient pas attendu le feu vert, comme mon petit frère par exemple, dont je vis la main dépasser de la table pour piocher dans le bol des gâteaux salés et disparaître avec son butin entre les doigts sans un mot.
Je l'avais poursuivi, et le chien qui me prenait pour sa toute première maîtresse avant même ma mère ou mon père, se mit à courir à ma suite, avant de couper la route à mon frère qui fut contraint de s'arrêter. Il laissa à contre cœur le fruit de sa course au chien qui le fit disparaître de sa paume d'un coup de langue, cette dernière faisant le diamètre de la main de mon frère. Il le prit très bien, riant de bon cœur en sautillant gaiement avec notre chien qui l'accompagnait dans ses bonds de joie.
Puis j'avais entendu l'appel de ma mère aux côtés de mon père, qui voulaient tous deux que nous rappliquions en vitesse pour voir notre tante jouer du violon. Il ne manquait peut-être que ça à cette belle journée, un peu de musique. Un air que j'ai oublié d'ailleurs, qui m'avait sans doute peu influencé à l'époque, car une enfant ne s'intéresse pas spécialement à la musique classique. Ou du moins n'avais-je pas compris la difficulté de certaines choses qui nécessitaient un certain talent, comme le fait de jouer d'un instrument de musique.
J'aurais tout donné pour revivre une journée comme celle-là. On peut retrouver le jardin, un pommier, un chêne, un vieux tracteur à pédales, un potager et une belle maison de campagne, tout ce genre de choses, tous ces biens matériels qu'il est si simple de revoir juste une fois. Mais on ne rattrape pas certaines choses qui partent à jamais. J'ai honteusement oublié ce jour-là avant de retomber sur une vieille photo, mais je n'ai pourtant jamais pu effacer de moi ce souvenir douloureux du mois d'août, événement que je n'ai vécu que par le biais du propos de ma mère, que je n'ai pas vu de mes propres yeux mais qui fut gravé en moi au fer rouge.
L'été suivant, la maison de mon enfance où résidait mon père avant l'incident fut rachetée. Je ne pus faire l'état des lieux que par moi-même, quand ma mère me proposa de voir cet édifice qui relatait tout ce que j'étais, c'était la dernière possibilité de la visiter aussi n'aies-je pas hésiter.
La cour devant n'était plus qu'un sombre et triste dépotoir, les graviers étaient mal répartis si bien qu'on voyait la terre à certains endroits. Sans doute à cause des nombreuses carcasses de voiture qui avaient été traînées jusque là. Mais je ne m'y attardais pas. À peine avais-je mis les pieds dans la maison que je regrettais déjà les poutres noircies par la fumée d'un cigare qui ornaient le plafond, plutôt que ses affreux mur jaune pisse. La cheminée avait été comblée et bouchée, nos souvenirs de pommes de terre braisées et de chamallows grillés, emmurés.
Je ne voulais point perdre mon temps à dévisager ma chambre que je savais vide qui n'avait plus son papier peint rustique auquel j'avais fini par prendre goût, un jaune parsemé de grains couleur crème, l'illusion du sable, sur lequel des feuilles se répétaient en un unique motif, leur mouvement de chute au ralenti donnant un aspect apaisant à cette pièce. Mais le salon désormais muré de jaune criard ne m'inspirait guère ce sentiment de paix. Sans enthousiasme particulier, j'avais pourtant avancé jusqu'à la porte de derrière qui était ouverte, pour poser mes yeux sur le jardin.
Le chêne fatiguait et le poids des années se faisait visible sur lui, qui était démuni de beaucoup de ses branches. À l'emplacement du pommier, une simple souche qui se faisait peu à peu grignoter par l'herbe sauvage. Cette même verdure avait repris ses droits dans le champ de derrière, et avait empêché tout accès à la balançoire, formant comme une mer de mauvaises herbes. Si l'on s'y aventurait en tant qu'adulte de taille moyenne, on ne voyait ressortir que la moitié du corps au-dessus des fougères. Les fleurs étaient fanés pour la plupart, et aucune met comestible ne se voyait dans le potager. Le soleil était bien là mais le manque d'entretien expliquait le ravage de ce côté-là. Les dalles du chemin étaient pour la plupart manquantes, et laissaient un carré de terre voyant et peu esthétique à plusieurs endroits. Celles de la terrasse étaient bien là mais les jointures entre elles étaient rongées par les chardons et les pissenlits, qui les écartaient au fur et à mesure.
Renversé, le tracteur de mon frère avait perdu son orange vif, et n'avait plus qu'une teinte rosée décolorée, proche du beige. À côté de lui, la table était également sur le flanc, tout comme les chaises.
Le souvenir de cet été me revint et ce fut comme un poing dans la figure. Il n'y avait plus rien, et la transition était d'autant plus douloureuse que tout le décor était arrangé de sorte à ce que tout élément se soit dégradé. Les fleurs avaient fanés, le potager n'était plus qu'un élevage bordélique de fleurs sauvages et d'escargots, les dalles n'avaient plus leur éclat d'antan, on avait coupé, massacré, écrabouillé, détruit, rasé et piétiné sans respect ce qui, pour certains, n'étaient que quelques enfants de mère nature.
Ce qui fut pourtant pour d'autres, un morceau entier d'eux-mêmes, qui en faisait partie intégrante de manière si fusionnelle, que détruire cet environnement, ces témoins de souvenirs fantastiques, c'était porter un coup à ceux qui les avaient vécu. Et ouvrir une blessure qu'on ne peut jamais vraiment enfermer, qui cicatrise un peu et se rouvre de temps en temps. Ce jardin n'était plus que la propriété d'une nouvelle famille qui allait y vivre d'autres choses. C'était pour moi, sans aucun contrat ni acte d'appartenance, le cimetière de mes souvenirs, du moins ceux qu'on ne pourrait jamais retrouvé, enterrés sous un monceau de regrets.
À mon père.
Dernière édition par Celtyndir le Dim 15 Mar 2015, 12:45, édité 4 fois |
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| Sujet: Re: [Écrits] Celtyndir's universe Dim 15 Mar 2015, 12:43 | |
| Je vous partage un écrit que j'aime beaucoup, qui est une sorte d'auto-biographie, à quelques minuscules détails près. - « Le pommier et le chêne » :
Ce fut lorsque le soleil fit son apparition pour la toute première journée de l'année et ce, sans interruption entre son lever et son coucher, que la fête se déroula. Malgré la venue tardive des beaux jours, les bourgeons avaient laissé place aux fleurs multicolores du jardin. Ce dernier était gigantesque. Il faisait au moins deux fois la surface du rez-de-chaussée de notre maison de campagne et comprenait une terrasse, un début de champ où nous avions posé le portique de la balançoire ainsi qu'un potager très étendu. La terrasse était grande et sur ses dalles de pierre, on trouvait toujours la table et ses chaises de jardin, ainsi que le petit tracteur à pédales du cadet de la famille, ce dernier étant d'ailleurs plus le défouloir des crocs de notre boxer que le jouet de mon frère.
Je me souviens que mon père avait installé la tente pour rajouter une ombre à celle du pommier qui ne me permettait pas de couvrir toute la terrasse d'une pénombre fraîche, puis avait ramené des chaises en plus autour de la table sur laquelle, il avait disposé tous les plats qu'il avait soigneusement préparé. Fin cuisinier, les mets colorés et bien dressés dans leurs assiettes étaient la touche finale du tableau de ce jardin fleuri et ensoleillé, si l'on n'omet pas bien sûr ceux qui se devaient d'assister au banquet.
Ce fut une des rares fois où tout le monde était présent, du moins toute la famille plutôt proche que ma cervelle d'enfant à ce moment-là ne pouvait retenir. Car tout le monde sait qu'un gamin oublie vite les choses, et ce serait bien d'enseigner cette façon de faire aux adultes pour certaines choses. Mais soit, en parlant de ces derniers, ils étaient tous arrivés. Certains s'étaient arrêtés aux premières dalles du chemin qui menaient à la terrasse, contemplant la beauté du jardin sous ce temps magnifique, les autres étaient parvenus jusqu'à nous, puis s'étaient assis en flattant les talents culinaires de mon père, dévorant des yeux les multiples mets qui faisaient saliver leurs papilles. Ils n'étaient pas sans connaître sa cuisine aussi savaient-ils que l'apparence était à la hauteur du goût, ils n'avaient donc plus qu'une hâte, celle de déguster tout ce qui faisait briller leurs yeux de convoitise. Certains n'avaient pas attendu le feu vert, comme mon petit frère par exemple, dont je vis la main dépasser de la table pour piocher dans le bol des gâteaux salés et disparaître avec son butin entre les doigts sans un mot.
Je l'avais poursuivi, et le chien qui me prenait pour sa toute première maîtresse avant même ma mère ou mon père, se mit à courir à ma suite, avant de couper la route à mon frère qui fut contraint de s'arrêter. Il laissa à contre cœur le fruit de sa course au chien qui le fit disparaître de sa paume d'un coup de langue, cette dernière faisant le diamètre de la main de mon frère. Il le prit très bien, riant de bon cœur en sautillant gaiement avec notre chien qui l'accompagnait dans ses bonds de joie.
Puis j'avais entendu l'appel de ma mère aux côtés de mon père, qui voulaient tous deux que nous rappliquions en vitesse pour voir notre tante jouer du violon. Il ne manquait peut-être que ça à cette belle journée, un peu de musique. Un air que j'ai oublié d'ailleurs, qui m'avait sans doute peu influencé à l'époque, car une enfant ne s'intéresse pas spécialement à la musique classique. Ou du moins n'avais-je pas compris la difficulté de certaines choses qui nécessitaient un certain talent, comme le fait de jouer d'un instrument de musique.
J'aurais tout donné pour revivre une journée comme celle-là. On peut retrouver le jardin, un pommier, un chêne, un vieux tracteur à pédales, un potager et une belle maison de campagne, tout ce genre de choses, tous ces biens matériels qu'il est si simple de revoir juste une fois. Mais on ne rattrape pas certaines choses qui partent à jamais. J'ai honteusement oublié ce jour-là avant de retomber sur une vieille photo, mais je n'ai pourtant jamais pu effacer de moi ce souvenir douloureux du mois d'août, événement que je n'ai vécu que par le biais du propos de ma mère, que je n'ai pas vu de mes propres yeux mais qui fut gravé en moi au fer rouge.
L'été suivant, la maison de mon enfance où résidait mon père avant l'incident fut rachetée. Je ne pus faire l'état des lieux que par moi-même, quand ma mère me proposa de voir cet édifice qui relatait tout ce que j'étais, c'était la dernière possibilité de la visiter aussi n'aies-je pas hésiter.
La cour devant n'était plus qu'un sombre et triste dépotoir, les graviers étaient mal répartis si bien qu'on voyait la terre à certains endroits. Sans doute à cause des nombreuses carcasses de voiture qui avaient été traînées jusque là. Mais je ne m'y attardais pas. À peine avais-je mis les pieds dans la maison que je regrettais déjà les poutres noircies par la fumée d'un cigare qui ornaient le plafond, plutôt que ses affreux mur jaune pisse. La cheminée avait été comblée et bouchée, nos souvenirs de pommes de terre braisées et de chamallows grillés, emmurés.
Je ne voulais point perdre mon temps à dévisager ma chambre que je savais vide qui n'avait plus son papier peint rustique auquel j'avais fini par prendre goût, un jaune parsemé de grains couleur crème, l'illusion du sable, sur lequel des feuilles se répétaient en un unique motif, leur mouvement de chute au ralenti donnant un aspect apaisant à cette pièce. Mais le salon désormais muré de jaune criard ne m'inspirait guère ce sentiment de paix. Sans enthousiasme particulier, j'avais pourtant avancé jusqu'à la porte de derrière qui était ouverte, pour poser mes yeux sur le jardin.
Le chêne fatiguait et le poids des années se faisait visible sur lui, qui était démuni de beaucoup de ses branches. À l'emplacement du pommier, une simple souche qui se faisait peu à peu grignoter par l'herbe sauvage. Cette même verdure avait repris ses droits dans le champ de derrière, et avait empêché tout accès à la balançoire, formant comme une mer de mauvaises herbes. Si l'on s'y aventurait en tant qu'adulte de taille moyenne, on ne voyait ressortir que la moitié du corps au-dessus des fougères. Les fleurs étaient fanés pour la plupart, et aucune met comestible ne se voyait dans le potager. Le soleil était bien là mais le manque d'entretien expliquait le ravage de ce côté-là. Les dalles du chemin étaient pour la plupart manquantes, et laissaient un carré de terre voyant et peu esthétique à plusieurs endroits. Celles de la terrasse étaient bien là mais les jointures entre elles étaient rongées par les chardons et les pissenlits, qui les écartaient au fur et à mesure.
Renversé, le tracteur de mon frère avait perdu son orange vif, et n'avait plus qu'une teinte rosée décolorée, proche du beige. À côté de lui, la table était également sur le flanc, tout comme les chaises.
Le souvenir de cet été me revint et ce fut comme un poing dans la figure. Il n'y avait plus rien, et la transition était d'autant plus douloureuse que tout le décor était arrangé de sorte à ce que tout élément se soit dégradé. Les fleurs avaient fanés, le potager n'était plus qu'un élevage bordélique de fleurs sauvages et d'escargots, les dalles n'avaient plus leur éclat d'antan, on avait coupé, massacré, écrabouillé, détruit, rasé et piétiné sans respect ce qui, pour certains, n'étaient que quelques enfants de mère nature.
Ce qui fut pourtant pour d'autres, un morceau entier d'eux-mêmes, qui en faisait partie intégrante de manière si fusionnelle, que détruire cet environnement, ces témoins de souvenirs fantastiques, c'était porter un coup à ceux qui les avaient vécu. Et ouvrir une blessure qu'on ne peut jamais vraiment enfermer, qui cicatrise un peu et se rouvre de temps en temps. Ce jardin n'était plus que la propriété d'une nouvelle famille qui allait y vivre d'autres choses. C'était pour moi, sans aucun contrat ni acte d'appartenance, le cimetière de mes souvenirs, du moins ceux qu'on ne pourrait jamais retrouvé, enterrés sous un monceau de regrets. À mon père.
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