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| Sujet: Pensées Lun 01 Juil 2013, 16:06 | |
| Bonjour/Bonsoir !Si tu es là, je suppose que tu t'ennuies. *sors*- Spoiler:
J'ai donc décidé de poster ici certains de mes écrits, du moins ceux que je juge suffisamment potables et compréhensibles...Oui, j'écris souvent des "morceaux de texte", et autres trucs ni finis ni très clairs. x) La plupart du temps j'écris selon mes humeurs et ce que me passe par la texte, donc je conçois que ça n'est pas forcément intéressant. Quand je relis mes textes, je me rends compte qu'ils sont plutôt sombres et qu'il n'y a pas grand chose de joyeux dedans, pour ne pas dire carrément rien de positif. Pourtant j'ai plutôt tendance à être optimiste. Enfin, je ne vais pas commencer à raconter ma vie, me connaissant /heureusement/, je risque d'y passer quelques années. ~
Je précise aussi que les deux premiers ont déjà été "publiés" dans le journal, mais je les remets tout de même ici. (: Il n'y aura pas beaucoup de petites histoires (si on peut les qualifier comme ça vu le peu d'éléments qu'elles fournissent...), tout d'abord parce que je n'aime pas spécialement en faire - je ne les finis jamais comme je l'ai dit, mais surtout parce que je suis en pleine écriture d'un livre. Je n'aime pas en parler comme ça, ça fait un peu la mégalo-narcissique de service, donc je vais me taire là-dessus. %) Donc, pour l'instant, je ne compte pas poster mes pavés ennuyants ici, sachant que très peu de personnes les liront, enfin je pense. x) Toutefois j'écris quelques histoires en annexe, notamment celle d'un personnage très important dans mon bouquin. Bon, pour l'instant ça ne dépasse pas 10 pages, les chapitres sont très courts (~20 lignes) et ne fournissent quasiment aucun élément sur le narrateur (je sais c'est chelou -.-), qui par ailleurs est un assassin. Il n'y fait part que de ses ressentis sur sa vie et son entourage, il n'y a aucune description, juste du blabla sur les caractères et tout le baratin. On va dire que je me suis plus concentrée sur sa façon de parler et son évolution au cours de sa vie. (: Voilà voilà, donc si jamais des masochistes on envie de la lire...^^ /sinon allez tous brûler en Enfer Mouahahahahahahahaha !!!!!/
Sur ce je vous laisse, et merci à ceux qui passeront par ici et qui auront la patience de s'attarder sur mes délires. %)
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Moi ? Je lèverai les yeux vers ce ciel de pyrites obscures prêtes à libérer leurs étincelles, et peut-être tenterai-je d'apercevoir dans ses fissures menaçantes de brèves éclaircies. Comme elle est triste, cette voûte céleste qui autrefois ne teintait d'éclats d'azur, de perles de lys et de poussières d'or ! Elle laissait danser dans nos yeux d'incertaines lueurs qui craignaient les lendemains. Alors seulement nous baissions la tête vers les contrées lointaines des terres que nous foulions, sans jamais considérer les collines d'émeraude, les lacs de saphir, et les forêts drapées d'ambre aux couleurs de l'automne. Nous aurions dû bénir ces tableaux divins encadrés de nos rires. Quoi que nous fassions, où que nous allons, il n'y a plus à l'horizon que de vagues fumées qui étouffent nos rivages et d'éternelles cendres qui bercent leurs flammes. Là, sous nos pas, il demeure encore des plaines arides où hurle le chaos, des rivières de sang où se fondent nos pleurs. Elles sont les vestiges que les rugissements du vent n'emportent pas au sein de leurs ouragans. Mais, quelque part, ces soudaines bourrasques masquent les cris de détresse, nos seuls dons du désespoir, ce que la cruauté du temps n'altère pas. Il y aura toujours dans nos coeurs une mer hurlante et déchaînée que les récifs sombres parviendront à entailler. Elle ? Elle est toute entière un océan ivre et fougueux où je ne suis que l'écume qui s'écrase sur ses vagues. Je suis blême et éphémère où elle est obscure et infinie, mais jamais elle ne s'arrête ni ne m'épargne. Il n'y a là que son tumulte, ses rancœurs, sa houle intrépide et ses vagues tendresses, puis ses rares douceurs qui toujours se noient dans de cruels abîmes. Elle est des sommets et des gouffres, des murmures et des cris, les orages qui foudroient mon cœur de leurs miles typhons, et je reste. Pas de l'espérance qui jamais n'apparaît dans ses faïences limpides, mais du besoin qui me tord et me noie, m'assassine puis me console, celui que, du fond de mon être, je voudrais voir se briser en un millier de remords. Mais toujours elle s'enfuit au large de mes hurlements et douleurs qu'elle ne souhaite plus entendre. Elle est bien lâche, cette mer où je cache les tourments de mon âme, et pourtant, je ne sais quitter son désir et ses plaintes. Elle est un horizon funeste où terre et mer se confondent dans des lits de noirceur, et lorsque parfois l'astre de la nuit illumine de sa candeur blafarde ses vagues silencieuses, j'y songe, à cette voix qui au large m'entraîne. Et vient enfin le temps de plonger, dans des profondeurs qui m'écrasent de poids inconnus, vers des creux et des failles dont on ne voit la fin. Et vient enfin le temps de prier, d'implorer des grâces divines qui jamais ne viendront au fin fond de ces gouffres, mais qu'importe, j'espère toujours en silence qu'elle me pardonne dans ces nuits sans lendemains. Nous ferions, alors, danser dans nos cœurs des soupçons de tendresse que le jour n'effacerait plus. Nous ? Nous étions un peu comme terre et ciel, si proches mais si loin également, tantôt face à face, tantôt dos à dos sans jamais ne voir de trêves sur nos horizons incertains. Nous n'avions aucun port d'attache mais seulement les murmures que parfois nous échangions, et tous étaient emportés dans la douce complainte du vent. Alors en silence je refusais d'admettre que tu ne puisses jamais plus répondre, et je fermais lentement les yeux sur ses nuits éphémères qui ne laissaient apparaître en leurs ténèbres que les ombres de tes envies. Et quelquefois quand je peignais le ciel d'encre, de tapis d'étoiles et de douces langueurs que moi seule apercevais, j'imaginais dans ces lumières nocturnes les joies que jamais tu n'exprimais. Puis revenait le jour hésitant qui couvrait de ses voiles doucereux la rosée de nos pleurs, que nous tentions vainement de cacher sous une brume maladroite. Et quand de hasard nos voix tremblantes se croisaient, tu reculais encore et encore, et j'en faisais de même, puis je ne donnais plus comme signe de vie qu'un soupçon de pluie qui courrait entre tes rivières infinies. Et c'était adorable, ce silence détestable que nous aimions contempler sous les nuages de mon chagrin. Alors hurlait tantôt une bourrasque qui nous faisait lever la tête et revêtir nos costumes d'apparat dans l'ouragan, un peu plus violent à chacun de nos pas indécis. C'était beau, cette manie de ne jamais vouloir dormir quand venait la tempête et toutes ses rancœurs oubliées, elle balayait tes feuillages et poussait mes nuages loin, trop loin vers la ligne du bout du monde. Alors seulement la nuit revenait, et je peignais les étoiles par points délicats qui devenaient soudainement brutaux dans mes gestes enivrés, et je déchirais le bleu libertaire pour le remplacer de noir profond où jamais tu n'apercevais mes cris de détresse. Tu étais là, en bas, au milieu de tes fleuves, à souffler doucement sur tes plaines malheureuses et tes lacs immobiles pour en faire d'innombrables rivières, tandis que je me fanais plus vite encore que tes printemps magnifiques. Et ils étaient beaux, ces pétales morts qui un à un se posaient sur le lit de mes rêves.
Certaines choses demeurent. Le reste s'oublie. »
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De quartz rose et de tourmaline noire
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Il faisait froid, bien plus qu'auparavant. Le sol était dur et donnait cette sensation étrange que l'on éprouve lorsque l'on se sent vide. Vous savez, cette sensation, celle que j'avais toujours l'habitude d'éprouver. Et pourtant, je ne veux plus la quitter. Car c'est sur ce sol aigre et inflexible que je suis morte, ce soir où, d'entre tous les autres, j'ai eu envie de vivre un peu plus longtemps.
Sans doute le Soleil est-il mon unique ami, je n'en serais guère étonnée. Il ne faillit jamais à me regarder avec compassion, et parfois, il arrive qu'il m'offre quelques rayons que je garde précieusement au fond de mon cœur. Ceux-ci ne s'échappent pas, je les serre bien trop fort pour cela, mais ils ne sont pas pour autant emprisonnés au fond de mon âme. Je les laisse jouer entre eux et comparer leurs lumières qu'ils étalent entre mes fissures, alors ils jettent tantôt leurs éclats ternis par mes passives dépressions. Ce n'est cependant pas un problème puisque l'astre du jour est toujours présent au dehors et que lui ne m'oublie jamais. Mais vous savez, il se cache parfois derrière quelques nuages et met souvent du temps à se montrer. Je pense encore que mon Soleil est un peu timide, et tout autant incapable. La chaleur de ses lueurs ne dissipe pas les noirceurs de mon cœur. Il y a une autre personne que je connais – je ne suis pas si seule, allons ! Je vous l'accorde, l'on m'a un jour dit que la nuit, le Soleil disparaissait entièrement pour laisser place à la Lune. En vérité, il l'aime tant qu'il a peur de la voir, alors il s'enfuit derrière les montagnes et sous les océans, pour ne pas couvrir notre terre de la couleur rouge qui décore ses joues. Je crois que le monde est effrayé par ce genre de couleurs, car elle lui rappelle qu'il doit mourir, un jour. Vous imaginez, une terre écarlate, une mer écarlate, une faune et une flore écarlate ! Ce serait laid et peu attrayant. Peut être est-ce pour cela que l'on a inventé les couleurs, celles que j'aimerais aussi voir quelquefois. Ainsi donc je vous parlais de mon couple favori qu'est la Lune et le Soleil. Ce dernier me fait souvent de la peine, et j'ai envie de lui ordonner d'aller confier ses sentiments à son aimée. Oui, comment pourrait-elle le savoir autrement ! Mais j'ai fini par comprendre qu'il n'était pas seul à être dans cette situation. Moi non plus, je n'ai pas vraiment le droit de parler. Et je l'ai su lorsque j'ai vu l'être qui a remplacé mon Soleil. Il est arrivé un jour sans prévenir ; à dire vrai je ne saurais vous expliquer s'il s'agissait d'un jour ou d'une nuit, puisque mon Soleil a disparu en même temps que sa venue. Ainsi il a jeté une tempête dans mes pensées, et à cause de cela, je n'ai plus compris grand chose à ce qui m'entourait. J'avais déjà du mal à comprendre ce monde avant, autant vous dire qu'il est rapidement devenu un ramassis de choses méconnues auxquelles je n'ai plus jamais prêté attention. Parce qu'il m'a regardée, a tourné la tête, m'a de nouveau regardée, puis s'est arrêté. Il est resté immobile longtemps, il n'a pas pris le temps de vaquer à ses occupations, et il m'a contemplée, aussi simple que cela puisse paraître. Et j'ai agit de même, je l'ai contemplé, voilà tout. Alors j'ai compris que j'allais souffrir, et que cette souffrance ne disparaîtrait jamais. Ils se sont passés des jours, des mois et sans doute des années – je ne sais plus vraiment où se trouvent le jour et la nuit, comment voulez-vous que je sache. J'ai oublié mon couple favori que je tentais en vain d'aider, je n'ai plus prêté attention à la lumière et j'en ai même oublié les noirceurs de mon cœur. Il n'y avait plus que lui et son monde que je m'échinais à comprendre – je ne pense pas avoir réussi, même maintenant. J'avais mal de ne pouvoir l'aider, car je savais qu'il souffrait. Comment ? À cause des yeux vides qu'il posait sur moi, chaque jour, et de l'étonnante simplicité avec laquelle il me détaillait. Mais parfois, un éclat de rage – ou de désespoir, c'était bien maladroit – traversait ses iris magnifiques, et je me torturais à vouloir comprendre ce qui le poussait à être ce qu'il était face à moi. Je me remettais en question quand il finissait par partir, et j'avais l'impression que le monde ne tournait plus parce que j'étais si sotte. Je me questionnais encore et encore, je cherchais dans le souvenir de ses yeux troublés et mystérieux mes doutes et mes erreurs. Je n'ai jamais rien trouvé, il ne m'a jamais rien dit. Que voulez-vous, je n'aurais jamais pu le lui confier. Et lui, dans sa cage de silence aux barreaux de malheur, jamais il n'aurait pu m'entendre. J'avais beau savoir que ma seule pensée était vaine et que rien n'arriverait dans mon monde que personne ne saurait comprendre, je persévérais. Je croyais que le Soleil que j'avais oublié se tournerait vers moi et m'offrirait sa douce compassion, comme avant, qu'il me demanderait des conseils quant à la Lune, mais je n'avais pas le droit. Non, je n'avais pas le droit de croire cela ! Je ne méritais plus sa gentillesse et ses faveurs. Parce que vous savez, je l'ai remplacé par cet être qui tous les jours me regarde avec tant de cruauté et d'indifférence. Je pense qu'un jour, il changera. Il y aura un signe dans ses gestes et ses mimiques que j'adore. C'est mon seul espoir, et la seule promesse que je me fais à moi-même. Personne ne pourrait l'entendre, même si je la hurlais des tréfonds de mon âme. Alors j'ai attendu patiemment, je l'ai laissé m'admirer encore dans sa froideur, et je restais immobile dans mon silence, à couvrir son visage de mes si chères pensées protectrices. Et j'avais mal. J'avais si mal de le voir se morfondre, parce que c'était là tout ce que je savais faire : le contempler, encore et encore. J'ai cru que cela serait suffisant, mais je me suis trompée. Ne jamais le voir, en ces instants, aurait libéré mon cœur de son oppressante et monotone langueur. Je l'ai eue ma promesse, je l'ai eu ce geste, cette mimique si singulière, si lointaine de l'ordinaire. Il ne m'a pas prévenue. Il m'a regardée du même regard que d'habitude, m'a couverte de la même glace de tous les jours. Il ne m'a pas prévenue. Il a jeté son poing sur moi, et je me suis brisée. Je n'ai pas eu le temps de penser à lui et de l'admirer encore et encore, j'étais déjà dans l'agonie qui a figé mon âme, pour la serrer un peu plus fort à chaque seconde qui me séparait du plancher. Et j'ai eu peur. Alors, après tout ce temps où j'avais fait de lui mon unique Soleil, j'ai compris. J'ai compris que chaque fois qu'il posait ses yeux si mystérieux sur moi, je n'étais pas celle qu'il regardait et détestait sans le dire. C'était lui-même. Ce n'est pas moi qu'il a voulu briser, c'est lui-même qu'il a essayé de tuer. Mais c'était trop tard, maintenant, je n'avais plus rien à lui dire. Et même si j'en avais eu la capacité, jamais je n'aurais pu lui parler. Il faisait froid, bien plus qu'auparavant. Le sol était dur et donnait cette étrange sensation que l'on éprouve lorsque l'on se sent vide. Vous savez, cette sensation, celle que j'avais toujours l'habitude d'éprouver. Et pourtant, je ne veux plus la quitter. Car c'est sur ce sol aigre et inflexible que je suis morte, ce soir où, d'entre tous les soirs, j'ai eu envie de vivre un peu plus longtemps. Mes si fragiles morceaux de verre se sont écrasés au sol pour s'y briser par milliers, et chaque nouvelle fracture était comme le comble de mes souffrances. Et j'ai eu peur, j'ai eu si peur. Je l'avais éperdument désiré à chaque instant de mon existence. Mais ce soir d'entre tous les soirs, je détestais plus encore que toutes les autres fois de n'être qu'un miroir. »
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« J'ai toujours aimé le désert. On s'assoit sur une dune de sable. On ne voit rien. On n'entend rien. Et cependant quelque chose rayonne en silence. » A. de St. Exupéry Le soleil écrase ma tête, la sueur envahit mes tempes, noie mes yeux bleus, et le sol brûlant arrache mes pieds nus. Mais je ne les sens plus ni ne les regarde. J'ai sûrement peur de voir leur plante rouge et carbonisée, j'avance. Je ne sais pas pourquoi je le fais, alors pour me convaincre que mes pas sont utiles, j'imagine des tempêtes à mes trousses, des guerres dans mon dos et des terreurs dans mes pensées, de celles que je n'aurais plus à affronter. Car je le sais, cette falaise n'a pas de précipice, ni l'océan, en bas. L'astre du jour n'a plus de rayons, c'est une boule lumineuse qui domine le ciel d'une splendeur meurtrière. Il n'y a rien autour de moi, plus que des dunes, du sable bouillant qui me dévore les pieds à l'infini, et la radiance qui frappe un peu plus ma nuque à chaque seconde. « Crève, charogne, crève ! » semble-t-elle me crier quand je me courbe un peu plus. J'ai l'air d'un vieillard, j'ai l'air d'un condamné qui fuit les fers de la fatalité. Si je suis tombé à genoux, c'est parce que je ne sens plus mes jambes et que ma volonté seule ne peut plus porter ma loque de chaire. Mes tibias brûlent. Je n'en peux plus, la clarté agresse le sol et transperce mes pupilles d'une multitude de lames plus luisantes les unes que les autres. Je cligne des yeux à plusieurs reprises, j'essuie la sueur qui y a coulé, je désespère tandis que le tremblement de l'air ne s'atténue pas. Ma tête tourne, le ciel devient les dunes et les dunes le ciel. Je crains que la folie ne me guette. J'ai envie de hurler, d'appeler des chimères, de les serrer dans mes bras et de leur vociférer de partir. Pourtant ma bouche est sèche comme un puits qui jamais n'a connu le goût de l'eau, mais je l'ouvre et tente de parler. Cela fait si mal que j'ai envie de pleurer, alors ma gorge se serre un peu plus, et même les sanglots ne viennent pas, même les larmes ne coulent pas. De rage, j'attrape dans mes mains des poignées de sable doré qui me calcinent les paumes. Je les lâche aussitôt, mais comme un idiot, je recommence. Cela me fait oublier que je suis sur le point de mourir. Je lève la tête à droite, à gauche, je laisse le meurtrier du désert poignarder ma peau, je prie le ciel de m'envoyer un signe, je prie la terre de menacer cette voûte céleste de le faire. Et ces prières me rappellent que je n'ai jamais été différent des autres. Que je suis même plus faible que certains. Qu'au bord du gouffre de la mort, moi aussi, je me tourne vers ce Dieu auquel je n'ai jamais adressé la moindre pensée durant toute mon existence. Je me sens pitoyable dans cette mer de sable, j'ai peur qu'elle m'engloutisse à chaque instant. J'ai peur que le temps fasse de mon corps un squelette de poussière. J'ai peur de disparaître sans laisser de trace. J'ai peur d'être oublié. Je me suis toujours dit de rester fort quoi qu'il arrive. Je me moquais des peureux qui n'osaient affronter ce que moi subissait tous les jours. Je me moquais de ceux que je jugeais faibles parce qu'ils n'agissaient pas comme je le faisais. Je me moquais de ceux qui étaient différents de moi. Je me pensais aussi solide que du fer. Mais je fonds comme la neige au soleil. Je serre les dents et les poings à m'en briser les os, et tandis que je murmure à mon être de ne pas flancher, je me rends compte que je suis incapable de me lever. « C'est bon, vieux, arrête là. C'était pas si mal. Mais c'était pas si bien. » me murmure mon corps qui refuse de bouger. Il semble me dire de mourir là, je ne veux pas. Néanmoins, j'ai beau regarder autour de moi, je sais qu'au fond, je suis déjà mort, et que ce sable est ma dernière demeure. Le creux des dunes est le tombeau auquel je n'ai jamais pensé. Et je n'ai plus comme seul cercueil que le ciel. Je lève la tête, dos au terrible soleil, j'ouvre les yeux, et je réalise que c'est beau, parce qu'aucun bleu n'égale celui-ci. Aucune liberté ne crie plus fort que ce firmament vide de nuages. S'il veille sur nous, j'ai peut être été heureux. Ce n'est que lorsque que les premières larmes roulent sur mon visage que je comprends que je me suis forcé à pleurer, et que cela n'a pas marché. Mais là, elles viennent seules, glissent sur mes joues et meurent dans le sable. Je suis désolé. Pardonne-moi, Désert, pardonne-moi d'avoir détesté l'or de tes dunes et l'aigue-marine de tes cieux. Je clos mes paupières. Et un soupir. « C'est décourageant, le sable. Rien n'y pousse. Tout s'y efface. » »
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| Sujet: Re: Pensées Mer 03 Juil 2013, 12:06 | |
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Merci beaucoup, ça me fait vraiment plaisir qu'ils vous plaisent ! =)Soul' > Je ne suis pas fan de dramas (qu'ils soient coréens ou non), mais pourquoi pas. ^^Voilà un autre texte que j'ai retrouvé. Je l'aimais bien mais je ne sais pas trop quoi en penser. ^^' Tout n'y est pas concrètement révélé, c'est fait exprès, le but était que le lecteur se rende compte lui-même de ce qu'il se passe dans la tête des personnages, et également leur identité. Les phrases sont plus courtes que ce que j'ai l'habitude d'écrire, et il y a très peu de connecteurs logiques notamment à la fin, c'est volontaire, j'ai cherché à montrer le déséquilibre présent chez le narrateur. Je doute que cela soit réussi, m'enfin, je le poste quand même. %)
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« Les hommes compatissent avec plaisir : mais ils n'admirent qu'à regret. » Le vent berce doucement les gerbes de glaïeuls blancs, jaunes et roses qui s'épanouissent le long des allées pavées. Les parfums qu'il m'apporte caressent mon visage alors que je n'ai pas bougé depuis une bonne heure. Mais je frémis quelquefois, surprise par la fraîcheur de la brise qui joue dans la frondaison des saules pleureurs. Penchés sur l'étang de jardin, ils semblent venir l'effleurer sans émouvoir sa surface dorée par les rayons mielleux du soleil. Je soupire encore sur le ponton de bois qui enjambe l'onde scintillante, incapable d'éloigner mes yeux de cette contemplation. Je vais devoir partir dans quelques temps. Mais je ne veux pas, et mes jambes refusent de me ramener chez moi. Il faut que je fasse mes bagages. J'ai vraiment envie qu'un orage éclate et que cet endroit disparaisse dans l'obscurité, j'aurais moins de mal à le quitter. Dans un ultime effort, je défripe les volants de ma jupe et m'apprête à rebrousser chemin, mais je manque de trébucher à la vue de l'inconnu face à moi. J'ai sursauté, à vrai dire, parce que je ne m'y attendais pas, et que je ne l'ai pas entendu arriver. Ses cheveux sont d'un blond platine très pâle et couvrent légèrement son regard, mais le vent les soulève parfois et expose ses yeux étonnants. Ils sont gris, très fades, peu lumineux. On dirait presque qu'il va fondre en larmes tant ses traits fins sont mélancoliques et désolés, pourtant, un sourire délicat décore son visage. Je n'ai pas le temps de le saluer avant de partir qu'il s'adresse déjà à moi. - Vous aimez cet endroit ? Sa voix est douce et apaisante. Je reste bouche bée un instant, je ne sais quoi lui offrir comme réponse. Et pour une fois, j'ai vraiment envie de partir, parce que je crains que cette tâche ne devienne plus difficile encore si je lui réponds. D'ailleurs, je ne sais pas ce qui me pousse à le faire. - Oui, beaucoup. Le jeune homme accentue un peu son sourire bien que ma voix n'aie pas été spécialement agréable à son égard. Sur l'instant, je m'en veux d'être restée stoïque alors que lui semble déjà si amical, mais il faut dire que je n'ai guère le temps de m'attarder. Cependant, je ne bouge toujours pas, je reste plantée là, comme si j'attendais qu'il continue à parler. - Merci, murmure-t'il alors simplement. Vous venez souvent ici, je vous ai déjà vue plusieurs fois sur ce pont. - Vraiment ? C'est étrange, je ne vous ai jamais vu auparavant... Je lui ai répondu, et contre toute attente, je détends mes épaules crispées et me résigne à ne pas partir sur le champ. L'inconnu vêtu de blanc et de beige avance de quelques pas vers la rambarde du petit pont, pour finalement s'y appuyer et contempler l'eau comme je l'ai fait un instant plus tôt. Il hausse imperceptiblement les épaules avant de continuer à parler. - C'est normal. Je ne sors pas souvent. - Alors comment.. ? Je n'ai pas eu le temps de finir ma phrase qu'il s'est rapidement retourné et m'a intimé le silence d'un geste singulier. Je suis surprise et quelque peu perturbée par cette personne. J'ai l'étrange impression qu'il est différent. Mais de qui ? Et en quoi ? Pourquoi lui ai-je obéi lorsqu'il m'a indiqué de me taire ? Je replace nerveusement une mèche qui s'est échappée de mon chignon brun, avant de venir me placer à côté de lui en mimant presque sa pose. D'un geste calme, il désigne l'un des grands arbres qui se penchent sur l'eau puis s'adresse à moi. Du moins, je suppose. - Je ne comprends pas pourquoi les hommes appellent ces arbres « saules pleureurs », ils ne les ont jamais vus verser de larmes. Mais ils les aiment avec ce nom triste qui les rend nostalgiques. C'est comme vous, non ? Nous êtes venue ici en sachant que vous alliez le regretter. J'apprécie votre geste. Cette fois-ci et à force d'écouter ses paroles mystérieuses, je suis réellement devenue muette. Pas une pensée ne traverse mon esprit, il n'y a que lui et ses yeux aussi éplorés qu'un ciel d'orage. Comment sait-il cela ? Est-il devin ou juste étonnamment perspicace ? J'ouvre la bouche pour lui répondre, mais je ne sais pas quoi lui dire, et je passe une fois de plus pour une idiote alors qu'il est si sage et sûr de lui. Sans dire un mot de plus, le jeune homme s'éloigne lentement et je n'aperçois finalement plus que son dos. Mais je ne peux pas le laisser partir aussi simplement, pas après ce qu'il m'a laissée entendre. - Attendez ! J'ai vraiment haussé le ton. Il s'est rapidement retourné, et ses traits paisibles sont devenus plus attentionnés encore. Je regrette d'abord de l'avoir hélé, mais je prends mon courage à deux mains. Après tout, c'est ce soir que je pars. Je ne sais pas pourquoi, mais je n'aimerais pas ne plus le revoir. - Votre...Votre nom.. ? Il sourit encore et glisse ses mains dans ses poches. Le timbre de sa voix semble ne jamais pouvoir perdre sa douceur. - Narcisse Koad. *** 3 ans plus tard Tous mes papiers se sont éparpillés sur le sol de l'aéroport, et la vue de cette masse blanche en désordre m'arrache un soupir désespéré. Je ne peux m'empêcher de pester, accroupie dans mon tailleur bleu marine, déjà occupée à amasser mes affaires - et des petits tas de poussière par la même occasion. Cette paperasse ne serait certainement pas tombée si je n'avais pas rêvassé devant ces panneaux publicitaires plus sots les uns que les autres. Je cesse soudainement mes gestes nerveux sans réellement en connaître la raison, et mes yeux se perdent dans la foule. La plupart de ces gens sont si pressées que s'ils pouvaient courir, je suis persuadée qu'ils le feraient. « Aucun ne s'arrêtera pour m'aider, hein ! ». C'est ce que je pense tout d'abord, mais la nostalgie de ces lieux m'envahit si vite que j'oublie mon pessimisme. Je n'ai passé que trois petites années à l'étranger, pourtant, j'ai la sensation que des siècles se sont écoulés. Avec un infime effort, je parviens à sourire. Quand je suis descendue de l'avion qui m'a ramenée ici, je me suis demandé quelle était la première chose que j'allais faire. Autant dire que je n'ai pas eu à chercher longtemps. Il a suffit que je me rappelle ce carré de verdure, l'étang, les glaïeuls, les saules pleureurs et cet homme à qui j'ai parlé avant de partir, il y a de cela quelques années, pour comprendre que je n'avais pas le choix. Cette pensée est venue seule, sans prévenir, et il n'y a plus eu d'autre alternative. C'est là que je vais aller, c'est tout. Cette décision est presque devenue normale. Un automatisme. Un instinct, même. J'ai finalement réussi à rassembler les papiers que je soulève dans mes bras, et je me fonds si vite dans la foule qu'il me semble lui avoir appartenu depuis toujours. Je suis comme ces gens qui marchent vite pour ne pas courir, et dont le regard fixe n'a plus qu'un but que personne ne connaîtra jamais. Mes yeux ont beau rester figés, je fais mon possible pour ne pas les baisser. J'ai pourtant passé la grande avenue. J'ai même vu le panneau qui indique ma rue favorite, je n'ai pas pu me méprendre sur la direction. Néanmoins ce n'est pas là la vision à laquelle je m'attendais en venant ici. J'hésite, je serre un peu plus mes affaires contre moi et je fais finalement volte-face. Je marche à grands pas jusqu'au fameux écriteau planté au début de la rue, tandis qu'aucune pensée ne secoue mon inertie. Je ne sens plus grand chose de mon être, mais je me suis rendue compte qu'une boule s'est formée au creux de mon ventre et remonte même jusqu'à ma gorge pour la serrer peu à peu. L'apparition du panneau est mon dernier espoir, je me plante devant lui. Je lis l'inscription une fois. J'ai la désagréable impression de m'être trompée, alors je recommence. Je cligne des yeux, je regarde de tous côtés comme si une âme charitable va venir me dire ce que je souhaite entendre. Je relis l'inscription une deuxième fois. Je dois voir flou, ou presque. Ce n'est pas possible. Je me force inconsciemment à penser que je me suis trompée d'endroit. Je relis l'inscription une troisième fois. Je déglutis en levant les yeux vers le spectacle horripilant qui m'attend. Je ne sais pas comment réagir. Quelqu'un a dû se fourvoyer. Au lieu de planter des saules pleureurs, ce sont d'horribles immeubles qu'il a laissé pousser. Du bitûme parfaitement lisse a remplacé la verdure abondante, mais j'ai encore du mal à le réaliser. L'odeur de la ville a même fait mourir celle des fleurs que j'aimais tant. D'ailleurs, où sont-elles ? Les seules couleurs présentes ici sont celles des panneaux publicitaires dont les néons clignotent parfois, comme pour attirer l'attention que je refuse de leur donner. Et ces immeubles, mon Dieu, ces immeubles...Ils ont formé dans le firmament une coupure qui m'effraie. Le bleu du ciel n'épouse plus la courbe légère de la frondaison des grands saules. Je me sens sotte, j'ai envie de pleurer de cette chose dont personne ne se préoccupe. C'est vrai, tous ces gens qui passent devant ces bâtiments mornes et terribles, ils s'en fichent, n'est ce pas ? Il ne reste plus que le bel étang qui a perdu sa clarté. Il n'a pas tant changé, mais pour je ne sais quelle raison, sa surface me semble étrangement sale. Il faut dire qu'elle ne reflète plus que le toit sombre des buildings menaçants. J'ai voulu rejeter mon pessimisme, mais je dois dire que j'ai vraiment envie que le soleil rayonne et que les fleurs chantent doucement, comme avant. Je regrette d'avoir espéré, ne serait-ce qu'un instant, que le magnifique jardin disparaisse pour m'aider à partir, il y a trois ans. On ne se rend pas toujours compte des vœux que nous faisons. *** - Bonjour, excusez-moi, j'aurais aimé avoir des renseignements au sujet d'une personne. La réceptionniste de la mairie lève les yeux vers moi à l'entente de ma voix. Sur un coup de tête, je me suis rendue à la mairie de la ville. Je n'ai pas pu regarder plus longtemps le carnage qui s'est produit sur mon lieu favori. À dire vrai, ce n'est désormais plus qu'un cimetière à mes yeux. - Bonjour. Pour quelle raison ? répond-t'elle d'un air désinvolte. - Et bien, je suis partie à l'étranger durant trois ans, et j'aimerais savoir si un de mes amis vit toujours ici. - Son nom ? questionne-t'elle rapidement. - Narcisse Koad. Avec un K. Je ne connais pas spécialement la raison pour laquelle je lui demande cela. Et ce n'est pas non plus comme si cet homme était un « ami », je ne connais rien de lui si ce n'est son nom. Du coin de l'oeil, je la vois fouiller dans le registre de l'état civil et s'attarder sur quelques-uns de ses papiers. Il y a un grand silence durant lequel je deviens quelque peu embarrassée, mais la réceptionniste finit par poser son regard devenu hésitant sur moi. Elle doute un peu avant de parler, mais elle le fait tout de même. - Je suis désolée mademoiselle, monsieur Koad est décédé il y a de cela un peu plus de deux ans. Je reste muette. Je ne sais pas quoi répondre. J'ai l'horrible sensation de tomber en morceaux et d'avoir raté quelque chose d'infiniment important. Alors que je suis penchée sur le comptoir de l'accueil, je me redresse et replace quelques mèches de cheveux, ce que j'ai l'habitude de faire lorsque je suis nerveuse. Décédé ? Cela ne veut rien dire. J'ai envie de lui demander où, comment et pourquoi, mais je me retiens. Ce ne serait pas correct. Je tente de changer de sujet puisque j'ai trop de questions à poser, mais c'est si maladroit que je me mets à balbutier. - Oh...Vraiment...Je...Je ne m'y attendais pas...Et...Et j'ai vu ces nouveaux immeubles qui ont remplacé le parc...Depuis quand sont-ils là ? - Mes condoléances mademoiselle, je suis navrée de vous apprendre cela. Les immeubles ? Ah, oui ! Leur construction a débuté il y a un peu plus de deux ans. Vous désirez savoir autre chose ? Je ne réponds pas immédiatement. « Bien sûr que oui ! Il y a trop de choses que j'aimerais savoir ! » ai-je soudainement envie de crier. Néanmoins, je ne le fais pas. J'exprime seulement une négation d'un léger signe de tête, je la remercie, et je m'en vais. Il est mort en même temps que ces bâtiments peu attrayants se sont élevés vers mon ciel préféré. Ce jardin magnifique me manque tellement, et il n'y a rien que je puisse faire pour y remédier. Il y a comme une immense douleur dans mon cœur. Je ne devrais pas m'attarder là-dessus. Mais je ne peux pas m'en empêcher. Cet homme, je ne le connaissais même pas. Le vent siffle entre les toits qui couvrent le peu de lumière du firmament. Il y a comme une odeur de glaïeul. Mais je sais que ce n'est qu'une impression. « Le souvenir est une rose au parfum discret que l'on arrose avec les larmes du regret. » »
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